L'irrigation au Maroc, une nécessité contraignante
Facteur essentiel de la production végétale dans de nombreuses régions du Maroc, l'irrigation représente aussi la principale source de consommation de l'eau. Dans un contexte de ressources hydrauliques limitées et de besoins croissants, l'eau est un grand défi des prochaines années. Précisions par Michel Ducrocq, directeur du groupement d'Aix-en-Provence du Cemagref 1.
Le ministère de l'Agriculture et de la Mise en valeur agricole a engagé un ambitieux programme de sensibilisation, de formation et d'organisation des usagers de l'eau agricole. La France apporte sa contribution à cet effort, dans le cadre d'une coopération technique à laquelle collaborent ingénieurs, techniciens, scientifiques et professionnels des deux pays.
L'irrigation, élément clef de la production végétale :
L es climats méditerranéens, semi-aride ou aride, qui affectent la totalité des périmètres agricoles du Maroc accentuent la dépendance du rendement par rapport à l'eau. Par ailleurs, on considère qu'il faut de 300 à 800 grammes d'eau pour produire un gramme de matière sèche. Dans ces conditions, le recours à l'irrigation est quasi obligé pour obtenir des rendements suffisants, stabiliser la production et permettre une diversification des cultures. La maîtrise alimentaire passe par des infrastructures (barrages, canaux) hors de portée financière et technique des agriculteurs. D'où le vaste programme d'aménagement hydro-agricole entrepris par le Maroc depuis longtemps déjà, et qui permettra à l'horizon 2000 d'irriguer 1,1 million d'hectares. Reste maintenant à diminuer les pertes dans le transport de l'eau, et à optimiser l'arrosage. Cette double contrainte est à l'origine des programmes de vulgarisation initiés par le ministère de l'Agriculture et de la Mise en valeur agricole.
La cogestion de l'eau d'irrigation : une nouvelle étape du développement des périmètres irrigués
L es trente dernières années ont été celles de la création des infrastructures hydro-agricoles permettant d'irriguer rapidement des superficies de plusieurs centaines de milliers d'hectares. De la sorte, le pays se donnait les moyens de couvrir ses besoins de produits de base et d'exportation. La création, en 1990, des associations des usagers de l'eau agricole marque un tournant dans l'histoire de l'aménagement hydro-agricole au Maroc : après plusieurs décennies de forte intervention étatique dans la gestion de l'eau, les agriculteurs se sont vu confier le soin de valoriser eux-mêmes les infrastructures d'irrigation, de gérer les équipements de proximité et développer le secteur de l'agriculture irriguée. Il s'agit d'un nouveau défi pour les professionnels comme pour l'administration. Les premiers devront dépasser les disparités du milieu agricole marocain pour prendre en charge et animer des formes d'organisations associatives ; la seconde doit assumer un rôle nouveau d'arbitrage dans la gestion d'une ressource rare et disputée, d'animation de ces nouvelles associations, de vulgarisation et de conseil en matière de diversification de productions afin d'optimiser la gestion de l'eau tout en restant en phase avec la demande nationale et internationale.
